Tribune pour une véritable politique européenne d’intégration des migrants

« Tribune pour une véritable politique européenne d’intégration des migrants »

Quelques semaines après le démentellement de la jungle de calais, les questions de fond ne sont toujours pas résolues, faute d’avoir été posées, … et surtout entendues par les pouvoirs publics. Sur le terrain, les associations font du mieux qu’elles peuvent pour répondre à des situations de crises, d’urgence permettant de pallier l’indigence et la honte du non-accueil des réfugiés politiques, ou économiques.

Néanmoins, à l’instar des institutions, Ministère de l’Intérieur, OFII, OFPRA, …  elles sont dépassées. Djamel Cheridi, directeur de l’hébergement au sein de COALLIA, association pour l’accueil, l’accompagnement et l’hébergement des réfugiés rappelle que : « Nous n’avons pas de politique d’intégration des personnes en demande de protection en France (..). On ne s’est jamais véritablement soucié d’avoir un ensemble d’actions et de moyens cohérents pour viser l’intégration, l’apprentissage de la langue, la prise en charge de la santé, etc…ni d’accompagnement personnalisé. Ce serait exagéré de dire que ça n’existe pas, il y a beaucoup d’associations qui œuvrent dans ce domaine, on a début de politique mais ça ne fait pas un système, c’est un ensemble d’actions éparses ».

Bref, plusieurs constats face à la crise migratoire actuelle :

  • Il y a des problèmes de de santé, de logement, de sécurité, de désœuvrement, des migrants et réfugiés, malgré leur placement dans des CAO
  • Un manque de professionnalisme et de pérennité dans l’intégration, avec des acteurs dépassés aux actions inefficaces et non durables, car non formés.
  • Il existe pléthore d’acteurs, institutionnels, privés et associatifs aux actions et initiatives éparses, sans liens entre eux, sans vision globale, sans coordination efficace.
  • Il n’y a pas de politique publique, nationale ni européenne d’intégration pérenne des Migrants, temporaires ou non, des réfugiés, des demandeurs d’asile et des minorités ethniques (comme les Roms).
  • Les échéances électorales prochaines renforcent les tensions, stigmatisations et outrances, les incompréhensions entre migrants et communauté national.
  • Les migrants sont vus systématiquement comme des problèmes alors qu’ils pourraient participer d’opportunités, économiques, sociales, culturelles et interculturelles pour notre pays, pour l’Europe.
  • Parmi les migrants beaucoup, sont déjà formés, parlent plusieurs langues, ont une volonté farouche de s’intégrer, de travailler et de prendre un nouveau départ.

Nous en appelons donc à une volonté politique, certes limitée en période pré-électorale, mais qu’elle soit reprise dans les programmes électoraux, permettant de définir enfin une véritable politique nationale d’intégration basée sur :

  1. Un dispositif pérenne de formation et d’accompagnement :
  • Socio linguistique, pour que les bases de la langue soient maitrisés condition préalable à l’intégration
  • Civic et citoyen : laïcité, rapports hommes femmes, rapports inter confessionnaux doivent être posés pour poser les ponts interculturels entre les pays d’origine et le nôtre.
  • Entrepreneurial et économique : l’intégration des migrants peut se faire aisément par le biais de projets entrepreneuriaux et/ ou de subsistance. Ces dispositifs sont les plus efficients pour aboutir en quelques mois à l’autonomie économique.
  • Dialogue au niveau local, entre migrants et populations, orchestré par les associations ET les communes (ces dernières n’étant pas impliquées à l’heure actuelle, les dispositifs d’accueil type CAO étant pilotés par les préfets et dévolus aux associations) afin de créer de l’intégration dans les communautés locales.
  1. de professionnalisation des acteurs publics, privés et associatifs de l’intégration regroupés dans un écosystème piloté par un acteur unique regroupant l’ensemble des parties prenantes et coordonnant leurs actions
  1. une mise en réseau européenne des actions et acteurs afin de participer à des échanges de bonnes pratiques.

Des solutions existent, elles ont été présentées à Matignon, à la Commission Européenne, au Ministère de l’Intérieur. Quel est donc le problème ? Aucun, si ce n’est que nos Ministres doivent s’en emparer ou au moins les candidats aux élections prochaines.

Les élections se gagneront ou se perdront sur ce sujet. Mais ce n’est pas le problème. Des mesures pérennes doivent être prises. Avant que des problèmes ne se multiplient. Préférons donc, maintenant, saisir des opportunités de croissance et de développement, en bonne intelligence.

Yannick Le Guern

Président de B1-AKT Leading Sustainable Strategies & Paragon Communication

Senior Diligent Political Advisor

Public Policy Designer – For Migrants, Minorities and Refugees